Slobodan Milosevic a été trouvé sans vie dans sa cellule du TPI
LA HAYE -
Slobodan Milosevic, acteur-clé des guerres des Balkans des années 1990, a été découvert mort dans sa cellule du TPI à La Haye. Le décès de l'ex-président yougoslave prive justice et victimes d'un dénouement après 4 ans de procès.
Le Tribunal pénal international (TPI) jugeait l'ex-chef d'Etat yougoslave, 64 ans, pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, et espérait boucler le procès mi-2006.
"Une autopsie complète et un examen toxicologique ont été ordonnés", a précisé le TPI. Mis en accusation par le frère de M. Milosevic à Moscou, son ancien parti à Belgrade ou de simples citoyens serbes dans la rue, le TPI assure n'avoir "rien à se reprocher".
L'ancien homme fort de Belgrade souffrait notamment de troubles cardio-vasculaires. "Il n'y a pas de signe qu'il ait commis un suicide", a souligné un porte-parole du TPI. Le tribunal pour l'ex-Yougoslavie avait rejeté fin février une demande de remise en liberté provisoire. M. Milosevic était désireux de se faire soigner en Russie.
Le procès de M. Milosevic avait été plusieurs fois suspendu depuis son début le 12 février 2002 pour raisons de santé. Cette disparition porte un coup majeur au TPI car son procès fleuve était au centre de presque toutes les autres affaires.
Slobodan Milosevic répondait de plus de 60 chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans les guerres en Croatie (1991-95), en Bosnie (1992-95) et au Kosovo (1998-99). Il répondait aussi de génocide pour sa responsabilité dans le massacre de quelque 8000 garçons et hommes musulmans réfugiés à Srebrenica en 1995.
Slobodan Milosevic a accédé en 1986 à la présidence du parti communiste de Serbie. Il entame une croisade en faveur de l'union de tous les Serbes et devient président de Serbie en 1990.
Considéré en Occident comme le principal responsable des guerres de l'ex-Yougoslavie dès 1991-92, il se retrouve en 1995 unique interlocuteur, côté serbe, capable de négocier l'accord de paix de Dayton.
Mais son hostilité à la démocratisation fait naître une opposition grandissante. Il troque en 1997 son poste de président de la Serbie contre celui de président de la République fédérale de Yougoslavie.
Sa politique de répression sanglante au Kosovo entraîne en mars 1999 l'intervention des forces aériennes de l'OTAN. Il est chassé du pouvoir le 5 octobre 2000. Il est arrêté le 1er avril 2001.