80

Aujourd'hui c'est ton anniversaire, tu as 80 ans. C'est impensable, absolument impensable. Ce n'est pas un âge pour toi, 80 ans. Tu te souviens de tes 60 ? Le restaurant entre Doubs et route, la friture de carpes, qui y avait-il ? Ton frère et sa femme, c'est sûr. Jean et Louisette. Il y avait la Lulu bien sûr. Sa bouille toute ronde, elle a sûrement rouspété pour payer avec toi et tu as résisté, c'était ton anniversaire. L'Alice était là, la survivante. La Lucie ? Les sœurs de ton mari. Il a eu 80 ans l'an dernier lui, et ça ne m'a pas semblé aussi incongru. Je me souviens de toi donnant rendez-vous à tous pour dix ans plus tard, joyeuse, prête à vieillir, dans ta belle robe du dimanche, à côté des 60 roses. Dix ans plus tard. J'entre, c'est mercredi. J'entre dans cette chambre, ils ne t'ont même pas mis de chemise de nuit, attachée à un fauteuil pour ne pas tomber, sans le pansement qui cache ta plaie, nue de corps sous la chemise de l'hôpital, ouverte au dos, nue de visage. Je me souviens, tu me disais parfois de drôles de choses : "je n'ai pas peur de la mort, oh non… mais quand j'étais plus jeune, je redoutais de mourir parce que je ne voulais pas qu'on me voie morte. J'aurais voulu pouvoir me maquiller, être jolie, polie". Tu es plus nue que morte, tu penches en avant, tu dors sous leurs cachets, tu as mal. J'ai beaucoup pleuré et crié le jour de tes 70 ans. Tiens, à bien y penser je me rappelle tes 50 ans. Elle date peut-être de ce jour, cette photo que j'aime tant parce que vous vous y regardez lui et toi, en trinquant, contre la tapisserie trop chargée de fleurs bleues, ce regard qui dit qu'aujourd'hui on peut boire ensemble et qu'on est pas encore morts, tendres l'un envers l'autre, attentifs, furtivement. Et tes 40 ans. Je te les dis ? Ma tête sur toi, lourde tête de bébé d'un an, qui sent le lait, la soupe, et le savon. Je dois rire contre tes seins si doux, de tout ce qu'il nous reste à vivre ensemble, de la mer plus tard, des soirs où je ferai semblant d'avoir peur pour venir tout contre toi, même grande trop grande. Je te pose là, il y fait moins froid non ? Je te pose là qu'ils viennent juste te donner une fleur, un baiser, un point à la ligne, un rire. Comme plein d'enfants et de petits-enfants. Tu rêvais de cette grande maison dans la baie de Talloires, si tu "gagnais au loto". Tu l'aurais voulue remplie d'une grande famille, la tienne. Si je te dis que nous sommes dans cette grande maison, simple et imposante à la fois, comme toi ? Pour tes 80 ans, je te donne cette façade pleine de fenêtres et derrière ces fenêtres des voix et des visages qui m'aiment, comme tu m'as faite.
Ils vont venir mettre des images dans la nuit. Tu verras.

......


beaux ..... tristes ..... lourds ....tes mots.


Annie

en vrai, là, les Bise en ont fait une annexe hotelière de l'auberge. Mais en vrai de vrai, demain je gagne au loto et je te l'achète, demain c'est l'été et tu regardes depuis la fenêtre de ta chambre, dans les murs tu entends toutes les voix, celles du jour, celles de la nuit, celles des endormis et celles de absents qu'on ne connaît pas. Tout se réveille, tu as 80 ans aujourd'hui, oui, en été, oui, au bord du lac oui, tout à l'heure, quand je serai réveillée, on ira s'assoir sur notre banc. En mangeant des cannelés. Et en fumant une clope. tu veux une taffe ? quoi ??? personne te connaît ici. je t'ai jamais vue fumer ! allllleeezzz ! oh tu fumes !

tiens (oui je sais, c'est le cottage, oui je sais... pfff... fais comme si... j'ai pas trouvé depuis ta maison....)

http://www.cottagebise.com/rub2_fr_4.html

babou a écrit:

......


beaux ..... tristes ..... lourds ....tes mots.


Annie

eh ! c'est pas mon anniv !!! c'est le sien ! c'est la Mémène qu'il faut embrasser ! Venez ! Vous n'avez jamais rien approché de si doux.

la villa des roses ça s'appelait. Je me souviens. Quand on remontait du port où je me baignais entre les pontons, on s'arrêtait, nos livres à la main, j'étais pleine de coups de soleil et de complexes, robe rose, pas se tenir droite, s'avaler soi-même en son plexus, et tu me chuchotais ce que tu y mettrais, ou tu te taisais et tu souriais, elle n'était pas habitée à l'époque. La villa des roses. ça te va bien.

Ici, pour une journée, ta villa des roses.

très touchant l'annie

une pensée et un bisous pour vous 2

Y a encore pas grand monde de réveillé, hein. Mais ils vont venir pour le gâteau. Nath est passée où ? elle met les roses dans un vase ? c'est bien. tu devrais pas te fatiguer comme ça, je peux le décorer moi ce gâteau. Quoi ? t'es pas encore morte ? ben non, eh. t'es pas encore morte.

une rose dans le ciel.



happy birthday to you...

lyra, juste pour le gâteau ou presque.

Oui bah là je sais pas vraiment quoi dire.
j'peux dire merci à toi et à elle aussi (surtout, peut être...).
j'ai pas de belle image moi.

darlinge a écrit:

Y a encore pas grand monde de réveillé, hein. Mais ils vont venir pour le gâteau. Nath est passée où ? elle met les roses dans un vase ? c'est bien. tu devrais pas te fatiguer comme ça, je peux le décorer moi ce gâteau. Quoi ? t'es pas encore morte ? ben non, eh. t'es pas encore morte.

J'en ai profité pour faire un gateau

Quoi ? y avait déjà un gâteau et deux tartes ? bah ça sera pas perdu, le yéti leur fera un sort. Ils sont pas très nombreux. La neige peut-être. Le Seb ? oui... moi aussi

il est l'heure pour moi de m'eclipser sur la pointe des pieds ...
je vous laisse le champagne


et

En écho, Colette parle à Sidonie…

« Puissé-je n’oublier jamais que je suis la fille d’une telle femme qui penchait, tremblante, toutes ses rides éblouies entre les sabres d’un cactus sur une promesse de fleur, une telle femme qui ne cessa elle-même d’éclore, infatigablement, pendant trois quarts de siècles… »

« Je ne t’ai connue que jeune, ta mort te garde de vieillir, et même de périr, toi qui m’accompagnes… Ta dernière jeunesse, celle de tes soixante-quinze ans, dure toujours »

Bon anniversaire, Madame.

Ah oui hein, ils sont gentils et même ceux qui ne sont pas passés. Ils n'ont pas osé. Comment ? pourquoi il te dit "madame" ? Il est poli le ptiné. Et puis arrête, en fait t'aurais pas aimé qu'il déboule et t'appelle "Mémène", d'office. Tu as des principes, tu te souviens. Le "vous" à Donato. Qui te le rend bien. Pourtant quel amour entre vous ! Où il est ? Oh il doit travailler. quoi ? Oui, il s'occupe bien de moi, oui j'essaie de pas lui mener la vie trop dure, ça va ! Une crème ? Mieux que ça. Ah non, il ne travaille pas, il parle avec ta petite-fille qui a un coup de blues. Tu l'as vue, pleine de neige ? Elle est belle hein. La première n'est pas mal non plus, quand je me balade avec les deux dans la rue, on les croit soeurs, ce sont tes filles. Tu devrais aller te coucher, tu sais. Il est tard. Quoi ? Oui, il fait de la lune sur le lac et tapclapotetipcloptope, les pédalos des Fontaine s'entrechoquent. Oui, je laisse la fenêtre ouverte. Evidemment. Et oui, demain et les jours d'après, ils passeront. Et on prendra un bateau qui va vite pour faire des tours sur l'eau. Oui. Oh j'allais oublier. je vais te chercher un de tes rêves, ne bouge pas. je reviens. toujours.

mets ça

t'as mis ça comment hein ? pffff... tu te souviens ? "oh ce que je donnerais pour un tour de piste !".

c'est parti.


viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite

ah ben si.

Ben mémène voulais vous dire que votre Annie est quelqu'un de vraiment très spécial me demande si elle vous l'a dit qu'elle est devenue ma Pépita n'a pas voulu me dire votre prénom ai eu votre regard très beau regard Madame Mémène ...vous aviez donc le même âge que ma mam sur quelques mois près ...étrange parfois ouai ...
Sais pas si vous et ma mam auriez pû parler via posts non je crois pas non ça se faisait pas suis étonnée quand même vous deviez être une sacrée "bonne femme" ben vi un casque,une voiture de course des marrons glacés aie Annie va m'en vouloir là je le sens chez moi c'est un compliment
On aura pensé à vous toute la journée puis-je ?
Oui vous ne m'envoudrez pas suis sans-gêne moi